La transplantation cardiaque constitue le traitement de référence pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère dont le principal défi est de faire face à la pénurie d’organes : « Il y a en moyenne deux candidats receveurs compatibles pour un seul greffon cardiaque disponible », expliquait le Docteur Guihaire en 2021.
Mais quel est le paysage actuel des transplantations cardiaques en France ? Qu’en est-il de la sélection des candidats receveurs ? Et quelles sont les perspectives futures ?
Les chiffres de la transplantation cardiaque
En 2019, 425 greffes cardiaques ont été réalisées en France et 411 en 2022. Si ce nombre diminue d’année en année et reste bas face au nombre de candidats attendant un greffon (2 pour 1), le taux de transplantations cardiaques en France reste pourtant plus elevé que bien d’autres pays.
Toujours en 2019, 573 nouveaux candidats ont été inscrits sur liste d’attente. En moyenne 13% des patients sur liste d’attente décèdent, faute d’une greffe, dans l’année suivant leur inscription. Le rôle de l’Agence de Biomédecine est de gérer une liste d’attente nationale et l’attribution des greffons.
Aujourd’hui, la pénurie de greffons impose une limite à la transplantation cardiaque, le cœur est un organe fragile et le nombre de greffons en bon état est très inférieur aux besoins.
Le problème s’est renforcé au fil des ans car les critères de choix du greffon sont devenus de plus en plus spécifiques. En effet, les facteurs de risque provenant du donneur sont nombreux, et ils auront un impact sur la survie du receveur après la transplantation.
Comment sont déterminés les candidats pour une transplantation cardiaque ?
La répartition des greffons cardiaques constitue donc un défi étant donné la rareté de cette ressource vitale. En France, l’attribution équitable des greffons est nécessaire pour garantir un accès juste et efficace à la transplantation cardiaque. Jusqu’en 2004, le processus de répartition reposait sur une logique territoriale concentrique, où les greffons étaient attribués aux centres de transplantation cardiaque selon des critères régionaux et nationaux.
La nécessité d’adapter les règles de répartition aux besoins cliniques changeants des patients et de garantir une distribution plus équitable des greffons cardiaques sur l’ensemble du territoire français a motivé la création du Score Cœur.
Un Score Cœur pour une meilleure attribution
Le Score Coeur a été mis en place en 2017 par l’Agence de Biomédecine afin de garantir une répartition équitable et légitime des greffons cardiaques, il prend en compte l’hémocompatibilité ainsi que le modèle géographique, c’est-à-dire le temps de trajet entre le lieu de prélèvement et le lieu de greffe.
De plus, avant d’être placé(e) sur liste d’attente pour un cœur de donneur, chaque patient(e) fait l’objet d’un bilan approfondi basé sur les critères suivants notamment :
- La détermination du groupe sanguin : Le groupe sanguin du donneur et celui du receveur ne doivent pas être identiques (A, B, AB et O) mais ils doivent être compatibles.
- La caractérisation tissulaire approfondie (caractérisation HLA) : Les protéines tissulaires sont présentes sur presque toutes les cellules du corps humain et chaque individu a une combinaison unique de protéines tissulaires : Plus grande est la compatibilité entre les protéines tissulaires du donneur et celles du receveur, moins il y a de risques de rejet
- L’évaluation du risque d’infection après la transplantation : il est indispensable d’identifier à temps certaines infections chroniques et les traiter si nécessaire. Après la transplantation, les patients reçoivent en effet des médicaments qui inhibent le système immunitaire, ce qui les rend plus vulnérables aux infections.
Quelles sont les perspectives futures pour la transplantation cardiaque ?
Aujourd’hui, l’évolution de la survie après la transplantation s’est améliorée au cours des dernières décennies (schéma), avec 80% de taux de survie après 1 an de greffe
Les causes de décès après la transplantation cardiaque sont en premier lieu la dysfonction du greffon, puis les infections en second lieu, au bout d’un an et au-delà.
Quid des perspectives d’amélioration futures ?
- Pour les donneurs, l’enjeu est d’augmenter les prélèvements et sensibiliser la population au don d’organes.
- Pour les greffons cardiaques, l’objectif est une meilleure préservation avec les machines de perfusion.
- Pour les receveurs, l’objectif est d’aller vers la médecine personnalisée, en permettant des suivis adaptés à chaque patient.
Parmi les traitements envisagés pour pallier à la pénurie de greffons il y a l’alternative du cœur artificiel total. Comme la transplantation cardiaque, ce dispositif mécanique est conçu pour remplacer totalement la fonction cardiaque défaillante. Implanté chirurgicalement, il offre une assistance circulatoire à long terme, indépendamment de la disponibilité des donneurs. Cette solution pourrait réduire la dépendance aux greffons et prolonger la survie des patients en attente de transplantation.
Actuellement, Procope Medicals conçoit une nouvelle génération de cœur artificiel total, qui à terme, permettra de répondre à cette pénurie et d’améliorer de façon significative la qualité de vie des patients.
Sources :
https://www.coeurassistance.com/transplantation-dons-organes
https://www.agence-biomedecine.fr/IMG/pdf/guide_score_coeur_2018.pdf
https://www.univadis.fr/viewarticle/france–parcours-et-profil-des-transplantes-cardiaques
https://www.youtube.com/watch?v=Mbj6WUZ0Xl0
Article sur la répartition des greffons cardiaques par Pascal LEPRINCE, 2017